Bas-relief latéral, Les Limbes
Lorsque Dante pénètre dans les Enfers, il arrive aux Limbes, lieu vague où patientent les âmes qui n’ont pas péché mais qui ne peuvent aller au Paradis faute d’avoir reçu le baptême. C’est là que, parmi les grands hommes de l’Antiquité, le poète rencontre Virgile, son modèle littéraire, qui sera son guide à travers le neuf cercles infernaux. Rodin ne s’est pas vraiment intéressé à cet épisode, et il a plutôt porté son attention sur les enfants morts trop tôt, qu’il a représentés avec leurs mères et leurs aïeules. Il reprit un motif créé pour l’un des montants de la Porte lorsqu’il se vit demander par la Manufacture de porcelaine de Sèvres des modèles de vases pour l’édition (vase Les Limbes et les Syrènes).
En 1885, le critique d’art Octave Mirbeau décrivait ainsi les bas-reliefs latéraux de La Porte de l’Enfer : « Les montants sont formés aussi de bas-reliefs admirables ; celui de droite exprime les amours maudites qui s’enlacent toujours et ne s’assouvissent jamais ; celui de gauche, les limbes où l’on voit […] des dégringolades d’enfants, mêlées à d’horribles figures de vieilles femmes ». On constate que Rodin, peu de temps après (au plus tard en 1887) a rompu cette organisation : il a coupé ses reliefs en deux moitiés, et les a interverties. On trouve ainsi en bas à gauche et en haut à droite des scènes décrivant Les Limbes, tandis que les scènes correspondant au Cercle des Amours se trouvent en bas à droite et en haut à gauche.