Bas-relief latéral, Cercle des amours
Le « cercle des amours » est le deuxième cercle décrit par Dante dans L’Enfer (chant V), celui où sont punis les damnés qui, de leur vivant, ont cédé à leurs désirs charnels – péché le moins grave sur l’échelle dantesque, aussi surprenant que cela puisse paraître, puisque le cercle précédent correspond aux Limbes, ce lieu vague où patientent les âmes qui n’ont pas péché mais qui ne peuvent aller au Paradis faute d’avoir reçu le baptême. Le deuxième cercle est celui qui a le plus inspiré Rodin, car il permet d’infinies variations sur les entremêlements de corps alanguis ou contractés, cherchant ou évitant le contact, entre douleur et plaisir, violence et tendresse. Les bas-reliefs des montants de la Porte en témoignent, de même que Le Baiser, Paolo et Francesca, Fugit Amor, voire Je suis belle ou L’Avarice et la Luxure.
En 1885, le critique d’art Octave Mirbeau décrivait ainsi les bas-reliefs latéraux de La Porte de l’Enfer : « Les montants sont formés aussi de bas-reliefs admirables ; celui de droite exprime les amours maudites qui s’enlacent toujours et ne s’assouvissent jamais ; celui de gauche, les limbes où l’on voit […] des dégringolades d’enfants, mêlées à d’horribles figures de vieilles femmes ». On constate que Rodin, peu de temps après (au plus tard en 1887) a rompu cette organisation : il a coupé ses reliefs en deux moitiés, et les a interverties. On trouve ainsi en bas à gauche et en haut à droite des scènes décrivant Les Limbes, tandis que les scènes correspondant au Cercle des Amours se trouvent en bas à droite et en haut à gauche.